Des « pédantes » et des « glorieuses » : les cours ménagers municipaux et l’encadrement des prétentions populaires (Paris, 1880-1900)
Cet article étudie la manière dont l’ouverture aux jeunes filles populaires de la scolarité post-obligatoire est gérée, lue et encadrée dans la municipalité parisienne à la fin du XIXe siècle. Alors que les nouveaux cours complémentaires connaissent un succès fulgurant et permettent aux filles issues des classes populaires de préparer des concours scolaires ou leur entrée dans le marché du travail, et suscitent de ce fait de nombreuses critiques, des réformateurs et administrateurs proposent d’y renforcer l’enseignement ménager. Mais il ne s’agit ni de renvoyer ces filles à leur foyer, ni de leur fournir des compétences techniques. Le traitement d’une enquête originale sur la trajectoire sociale des élèves des cours complémentaires permet d’interroger à nouveaux frais les discours concernant la nécessité de l’enseignement ménager dans les curricula féminins. Ils procéderaient, dans ce cas, à l’euphémisation de l’encadrement des aspirations populaires, tout en fournissant un gage moral aux jeunes filles les plus susceptibles de réaliser une ascension sociale à l’aide des nouvelles possibilités offertes par l’école publique.