De Nottingham à Calais, le genre de la dentelle mécanique à l’épreuve des migrations (1810-1860)
Jusqu’au XIXe siècle, la dentelle à la main est, en Europe, un secteur exclusivement féminin. Dans la dentelle mécanique, développée dans la région de Nottingham à partir de 1809, seuls des hommes opèrent avec les « Leavers », des machines sophistiquées bientôt couplées à des métiers Jacquard, dont la production ruine progressivement la dentelle à la main. Autour d’eux, souvent dans un cadre familial, femmes et enfants s’activent à la préparation des fils et des bobines, à la broderie, aux retouches, au blanchissage et aux teintures, à toutes les activités périphériques, souvent accomplies dans des conditions difficiles. Ces tâches, parfois très qualifiées, sont considérées comme annexes et sont moins payées. Après 1815, des dentelliers émigrent et développent une industrie dans le Calaisis. La ségrégation sexuée qui prévaut outre-Manche se reproduit-elle en France ? Comment les dentelliers migrants négocient-ils les différences et les similitudes législatives et coutumières entre les deux pays ? Ce sont les questions qui sont ici posées.