Ordre et désordres du couple à l’asile d’aliénés
Cet article étudie la manière dont l’internement asilaire participe à la régulation des liens conjugaux dans la France de la seconde moitié du xixe siècle. Il s’intéresse en premier lieu au placement à l’asile, qui s’offre comme un instrument de résolution des dysfonctionnements du couple, dont les époux apprennent à faire usage l’un envers l’autre. Le séjour en institution, envisagé dans un deuxième temps, reconfigure les relations de couple : les médecins aliénistes s’efforcent de maintenir les conjoints à distance et la tutelle exercée par l’institution suspend en partie l’autorité maritale. Enfin, la troisième partie étudie l’influence des liens conjugaux à la sortie de l’asile, qui est souvent subordonnée à l’accord de l’époux, en particulier pour les femmes internées. En définitive, l’internement ne saurait être réduit à un simple instrument de réaffirmation de l’ordre conjugal et patriarcal ; il apparaît aussi comme l’occasion d’une perturbation ou d’une suspension – certes partielle et provisoire – de l’ordre du couple.