Le lien familial à l’épreuve du couvent
Dans la France et l’Espagne du xixe siècle, l’essor des congrégations féminines se heurte à la montée de la famille bourgeoise, qui fait des femmes des « anges du foyer », et à l’affirmation de la puissance paternelle. La multiplication des affaires d’opposition de parents à la vocation de leur enfant, arbitrées par des autorités civiles ou religieuses, en témoigne. L’entrée au couvent empêche en effet des stratégies familiales, comme le recours au travail domestique ou salarié des filles pour assurer la survie de leur famille, ou leur mariage. En quittant leurs parents pour rejoindre un ordre religieux, ces jeunes femmes instaurent une distance qui reflète leur marge de manœuvre face à la puissance paternelle. Cet espace reste conditionné par leur capital social ou économique et par l’application du droit par les autorités publiques ou religieuses au gré de la conjoncture politique. Pour autant, la vocation et le conflit qu’elle suscite ne rompent pas le lien familial, par l’intermédiaire duquel les parents continuent d’exercer une certaine autorité.