Fabriquer et exercer l’autorité dans une communauté religieuse au xixe siècle : Les « sœurs servantes » des Filles de la Charité
Cet article étudie la manière dont les « sœurs servantes » des Filles de la Charité apprennent et endossent le rôle de direction d’une communauté. Il rend compte d’une expérience singulière de l’autorité, féminine et religieuse, dans la France du milieu du xixe siècle à la veille de la Première Guerre mondiale, dans une institution qui est pourtant un lieu de fabrication de la docilité. Situant ces figures d’intermédiaires de l’autorité dans la congrégation, l’article analyse les sources qui témoignent du travail croissant de l’institution pour définir l’autorité, y former ces femmes et contrôler leur pratique, accumulant ainsi des savoirs sur l’exercice du pouvoir. Excellence religieuse et mise en œuvre des dispositions morales et affectives alors associées aux femmes constituent des ressorts efficaces de l’autorité au quotidien. Celle-ci permet à des centaines de femmes d’exercer, avec plus ou moins de réussite, un réel pouvoir et leur ouvre des carrières.