La coercition dans l’histoire du travail en Chine au début de l’époque moderne. Catégories et idées préconçues

Par Claude Chevaleyre, Tiam Goudarzi
Français

La coercition dans l’histoire du travail en Chine au début de l’époque moderne. Catégories et idées préconçues – Claude Chevaleyre

Cet essai critique invite les historiens de la Chine à réinvestir le champ de l’histoire de la coercition au début de l’époque moderne, de manière à réévaluer l’importance du travail contraint, mais aussi repenser les mondes sociaux des dynasties Ming et Qing. Si les historiens de la Chine ont toujours accordé une grande attention au travail et aux relations de travail, la coercition semble avoir quelque peu disparu des travaux récents. Ce manque relatif d’attention résulte principalement de l’abandon de l’accent, parfois excessif, mis sur les masses laborieuses en tant que victimes de l’exploitation « féodale ». Mais il est également la conséquence de l’utilisation d’une terminologie vague, de traductions hâtives et d’idées préconçues qui n’ont jamais été remises en question. Un consensus semble notamment s’être dégagé sur le fait que la société chinoise, depuis le xviii e siècle, aurait été dominée par un marché du travail libre. Nous soutenons que cette hypothèse découle de transpositions des cadres analytiques de l’Occident moderne non soumises à l’examen critique, et d’une représentation erronée des politiques des Qing visant les « sujets dégradés » (jianmin) et les « travailleurs à gages » (gugong).

Voir l'article sur Cairn.info