Du « modèle d’organisation » au « modèle de service » : les évolutions de la Fédération nationale des syndicats de Chine
Du « modèle d’organisation » au « modèle de service » : les évolutions de la Fédération nationale des syndicats de Chine – Siqi Luo and Chris King-Chi Chan
La Fédération nationale des syndicats de Chine (FNSC) a subi de fortes pressions pour se réformer, en raison notamment de son double rôle de représentation du parti-État et de la classe ouvrière. Dans le cadre du projet de construction d’une « société harmonieuse » sous le régime de Hu-Wen, la FNSC avait notamment lancé des programmes pilotes pour mettre en place des élections syndicales directes, ainsi que des négociations salariales dirigées par le parti-État sur les lieux de travail. Toutefois, depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, les élections syndicales et les négociations salariales ont cessé d’être une priorité pour la FNSC. En lieu et place, le parti-État a promu et administré un modèle de service fondé sur des syndicats locaux ou des centres communautaires au service des travailleurs. Cet article examine le dilemme de la réforme syndicale depuis 1949 et notamment le modèle de service qui a émergé depuis 2013, à travers des études de cas dans les villes de Foshan, Shenzhen et Guangzhou, dans la province de Guangdong. Les données sont produites à partir d’une analyse documentaire et d’enquêtes de première main menées par les auteurs entre 2016 et 2021, notamment plus de cinquante entretiens avec des syndicalistes et des travailleurs d’usines et de plateformes dans ces trois villes.