Des inventeurs au secours des ouvriers ?
À la fin du xviii e siècle est créé à l’Académie des sciences le prix des Arts insalubres, concours singulier dans la galaxie des prix académiques, qui récompense les inventeurs contribuant à améliorer les conditions de travail des ouvriers. Interrompu à la Révolution mais reprenant en 1825, celui qui s’appelle désormais le prix Montyon des Arts insalubres constitue un creuset original où l’on retrouve médecins, chimistes, manufacturiers ou ingénieurs. Se voulant concrète, l’Académie récompense uniquement des inventions pouvant être appliquées dans l’industrie. Elle convoque donc une figure particulière, celle de l’inventeur. Cet article s’intéresse au profil de ces derniers, à leur vision de ce qu’est l’insalubrité et à leur présentation de soi dans les lettres de candidature. Si, dans un premier temps, les médecins hygiénistes sont nombreux à candidater, ils sont supplantés à partir du milieu des années 1830 par des hommes issus du monde de la technique, avant de s’intéresser à nouveau à ce prix. Tous partagent une même foi positiviste en la science, et se placent souvent dans une démarche philanthropique faisant du progrès technique l’auxiliaire de l’ouvrier.