Un laboratoire de la doctrine corporatiste sous le régime de Vichy : l'Institut d'études corporatives et sociales
Paradoxalement, l’abolition des corporations par la Révolution française a donné naissance à « l’idée corporatiste » qui allait prospérer au XIXe siècle, s’enrichir suite à la Révolution russe et à la Grande Dépression, et atteindre son apogée sous Vichy. Cet article retrace l’itinéraire de l’Institut d’études corporatives et sociales qui était chargé, selon son très jeune directeur, M. Bouvier-Ajam, de préparer, voire réaliser l’avènement corporatif, socle socio-institutionnel de la Révolution nationale. Directement inspiré par une vision idéalisée d’un long Ancien Régime chrétien, cohérent et harmonieux, ce corporatisme vante cependant sa modernité et sa pertinence. Mais l’exégèse que donne Bouvier-Ajam à la doctrine suscite de l’opposition au sein de l’I.E.C.S. et de l’entourage du Maréchal. L’I.E.C.S. disparaît juste avant la Libération, qui incarcère son directeur pendant un an. Répudiant l’évangile corporatiste tout en nourrissant sa vive critique du capitalisme, Bouvier-Ajam devient communiste, côtoie les chefs du P.C.F. et collabore au C.E.R.M. Il prend ses distances en fin de carrière quand, devenu écrivain à succès, il brigue obstinément l’Académie française, s’appuyant sur le duc de Lévis-Mirepoix, ancien membre du comité de patronage de l’I.E.C.S.