Le semeur, la semence et le fidèle combattant de l'avenir ou la masculinité dans la social-démocratie autrichienne (1888-1934)
La social-démocratie autrichienne tend à légitimer le masculin en tant que valeur universelle, en tant qu’unique genre de la classe ouvrière consciente de ses intérêts de classe. Le parti, les associations culturelles sont des lieux privilégiés où se construit et se transmet le masculin. Dès le départ, les hommes luttent contre l’entrée des femmes dans la sphère politique. A leurs yeux celles-ci menacent leur domination sur l’ensemble du mouvement, mais aussi sur l’ensemble de la société. Ils adoptent donc des stratégies d’exclusion des femmes qui se traduisent par le recours à une misogynie sans fard, qui conjugue l’emploi de l’humour, les arguments d’autorité, l’intérêt suprême du parti. D’autres moyens consistent au travers de la presse, de la construction de l’histoire politique et culturelle, des statistiques, des loisirs à ne proposer que des modèles ou des références masculines qui s’imposent comme les seules envisageables. Même la mixité et la « coéducation » servent à renforcer le masculin.