Prestige et métier dans la société malgache.
L’annexion de Madagascar par la France en 1896 s’accompagne de mesures censées instaurer un ordre social en rupture avec la répartition des sujets des souverains merina entre des nobles, des esclaves et des roturiers libres. En fait, après avoir officiellement aboli la hiérarchie des statuts, l’administration française continue à prendre en considération un système de références essentiel pour les Malgaches. Dans Tananarive, la capitale du royaume merina, devenue celle de la colonie, l’honorabilité tient d’abord au rang. Toutefois des mutations amorcées au XIXe siècle s’accélèrent durant la période coloniale avec la valorisation d’activités qui se transforment en professions, comme le commerce, ou celle de métiers exigeant de nouvelles compétences, acquises en particulier grâce à l’instruction. Cependant, sans négliger les innovations dans leur art, des nobles restent attachés à des métiers de famille donnant une visibilité au rang et permettant d’entretenir le prestige dû à l’ascendance. Ainsi la colonisation a certes entraîné des recompositions sociales à Tananarive, mais dans cette ville restée profondément merina, marquée par l’héritage de la royauté et l’empreinte du christianisme depuis le XIXe siècle, les permanences ont autant d’importance que les ruptures.