Une institution musicale entre repli et implication politique : le quotidien de l'Opéra de Paris pendant la guerre de 1870 et sous la Commune
Cet article interroge avant tout la notion d’institution musicale pour décrire une tension entre la volonté de repli sur une logique propre à l’institution et l’implication de fait dans une sphère politique. Durant la période politiquement troublée qui va de la chute de l’Empire à la solidification de la République versaillaise sur les ruines de la Commune, l’Opéra de Paris a tenté de préserver, individuellement et collectivement, la continuité d’un monde qui se veut à part et s’est délibérément placé hors du champ politique, affirmant, contre tous les aléas, la nécessité d’une continuité qui se traduit par une volonté de reprendre les répétitions, de préserver l’unité et les hiérarchies internes, de ne pas bouleverser le répertoire. Mais, si la République en guerre s’occupa finalement assez peu de remodeler un Opéra symboliquement associé aux fastes de l’Empire, la Commune a tenté de construire du nouveau et de faire rentrer cette institution à part dans la sphère politique commune : contre cette volonté, il n’y eut pas d’affirmation politique ferme ou d’opposition construite, mais la résistance passive d’un corps constitué qui n’est politique qu’à force de vouloir ne pas l’être.