Jeunes issus de l'immigration portugaise : affirmations identitaires dans les espaces politiques nationaux

Par Jean-Baptiste Pingault
Français

Invisibles, les jeunes d’origine portugaise ? La vulgate fait recette. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Dès le début des années 1980, des jeunes militants, formés par des opposants au régime salazariste et des militants de la cause immigrée, tentent de construire un mouvement « thos ». Résolument politiques, ces jeunes militants, ayant souvent eux-mêmes connu l’immigration, se veulent « immigrés » avant tout. Il s’agit d’intégrer les Portugais à l’espace politique français, faire de Portugais en France des Portugais de France. Très actifs dans Convergence 84, ils n’en recueillent pas la publicité médiatique attendue : le conflit se joue entre Français et Maghrébins. Le concept d’invisibilité naît quelques mois avant Convergence : il est clair alors que les thos ne seront jamais les beurs. Fin des années 1980, nouvelle donne. Les jeunes sont déjà nés pour la plupart en France et trouvent dans le Portugal de la croissance et de l’Europe la ressource identitaire valorisante que leurs aînés puisaient dans le Portugal des œillets. Les voilà « lusodescendants » : nouveau concept taillé sur mesure par les autorités portugaises pour un véritable marketing national. Le culturel avant tout. Il s’agit de forger les outils d’une perpétuation à long terme de l’identité portugaise en France. Les moyens ? L’Europe et le vote. La stratégie ? Le lobbying. Imposer le « label portugais ». Les résultats ? Une génération montante dans la communauté portugaise. Une visibilité au plus haut niveau de l’État en France et au Portugal mais, jusqu’à maintenant, des désillusions quant à la mobilisation de la communauté sur le vote.

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