Les travailleurs des services pour l'extrême gauche française des années 1970 : des « cols blancs » à la prolétarisation
Au lendemain de Mai 68, après la plus grande grève de l’histoire du mouvement ouvrier, l’extrême gauche française concentre ses efforts en direction de la classe ouvrière. De ce fait, elle ne définit les travailleurs des services qu’en fonction de leur proximité par rapport à la classe ouvrière. C’est ainsi qu’apparaît, à la faveur des bouleversements socio-économiques des Trente Glorieuses, l’idée de la prolétarisation des « cols blancs » : les travailleurs des services entrent dans les stratégies de l’extrême gauche à condition de s’assimiler à la classe ouvrière; par ailleurs l’existence d’une classe ouvrière homogène est très peu remise en cause. Mais cette conception évolue au cours des années 1970. De grands mouvements de protestation des employés, en particulier le « Mai des banques » en 1974, favorisent l’émergence de nouvelles théories dans l’extrême gauche qui tendent à l’intégration des travailleurs des services dans leurs stratégies militantes et à une meilleure prise en compte de leurs spécificités. Cependant la conception des travailleurs des services reste problématique pour une extrême gauche française écartelée entre ses théories héritées du XIXe siècle, le choc de Mai 68 et l’évolution socio-économique des Trente Glorieuses.