La mise en scène de la mode soviétique au cours des Congrès internationaux de la mode (années 1950-1960)

Par Larissa Zakharova
Français

Après la formation du bloc des pays socialistes, la vision bipolaire du monde se répandit jusque dans la mode vestimentaire. Les Congrès internationaux de la mode furent l’occasion de réunir annuellement les créateurs des pays d’Europe centrale et orientale et de l’URSS. Ils devinrent un lieu de conceptualisation et de légitimation de la mode socialiste, laquelle était définie en opposition à la mode bourgeoise. Le politique s’emparait de la création vestimentaire afin de réglementer les pratiques vestimentaires et les normes du goût socialiste. Les artistes n’en restaient pas moins fascinés par la haute couture française qu’ils considéraient comme une référence absolue à laquelle ils continuaient d’emprunter, de façon dissimulée, les tendances et les principes théoriques. Mais les Congrès étaient aussi pensés comme un lieu d’échange des expériences en matière d’élaboration des modèles, en vue d’une production planifiée et de masse. Cela impliquait la présence de fonctionnaires industriels qui jetaient un regard pragmatique sur la mode, lequel restreignait alors sensiblement la créativité des créateurs. En raison de leur fonctionnement (préparation des collections, modalité de sélection des modèles, procédures de présentation au public), les Congrès internationaux de la mode autorisent une analyse de l’interaction entre les administrateurs, les créateurs et les consommateurs soviétiques et permettent ainsi de réévaluer le processus de normalisation de la vie quotidienne.

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