L'enquête, le délit, la preuve : les « atrocités » balkaniques de 1912-1913 à l'épreuve du droit de la guerre
Résumé
L’article traite de l’enquête d’après-guerre financée et organisée par la Dotation Carnegie pour la Paix internationale dans les Balkans au début du xxe siècle. Il s’agit d’une enquête « sur le terrain », menée par un petit groupe de personnalités, juristes et publicistes de renom, qui est chargé de rendre compte de la réalité des « atrocités » des deux guerres balkaniques de 1912 et 1913 quelques semaines aussitôt après l’arrêt des combats. La commission, animée par Paul d’Estournelles de Constant, qui dirige alors le Bureau européen de la Dotation Carnegie à Paris, se trouve aux prises à la fois avec les réalités politiques locales, avec les positions personnelles de ses membres et l’opposition ouverte de certains États. Rendu public au printemps 1914, le volumineux rapport d’enquête rend compte à la fois des méthodes d’investigation adoptées, des ambitions scientifiques qui ont déterminé l’établissement des faits (usage de la source photographique, du témoignage oral contradictoire, etc.) et des limites d’une perspective qui entend associer pacifisme pédagogique et expertise politique.