Les curés historiens de village et les tentatives de restauration de l'autorité cléricale après la Révolution
Résumé
Au lendemain de la Révolution, les villageois sont sans cesse plus nombreux à contester l’autorité du clergé paroissial. Après 1860, cette mise en cause devient radicale. En outre, l’autorité du prêtre souffre de la progressive laïcisation des appartenances territoriales : la vie religieuse ne joue plus le rôle de matrice de la sociabilité villageoise. À partir des années 1840, les hommes d’Église ont pris conscience de ce que la pratique de l’histoire micro-locale des paroisses pouvait contribuer à renforcer l’emprise du clergé sur les collectivités villageoises. Le curé qui met en récit le passé du village contribue à faire émerger une conscience historique locale, laquelle constitue un puissant facteur de cohésion. Par ailleurs les curés érudits s’efforcent, dans leurs travaux, de promouvoir une définition de la localité propre à légitimer leur autorité : la paroisse est assimilée à une grande famille patriarcale et les auteurs insistent sur la dimension religieuse des identités territoriales.