« La patrie ou la mort. Amen ». Le régime castriste et l'Église catholique à Cuba (1990-2005)
Résumé
À Cuba, dans les années 1990, l’effondrement de l’URSS a d’importantes répercussions sur l’économie, et la population survit dans un très grand dénuement. La gravité de la crise rend nécessaire une redéfinition idéologique du régime, alors que l’Église catholique assume un rôle social important grâce à l’aide catholique internationale. C’est dans ce contexte que l’État castriste et l’Église catholique nouent des relations nouvelles, qui permettent en particulier l’organisation de la visite pontificale de janvier 1998. Pourtant, malgré l’apaisement relatif des discours officiels des deux institutions, les tensions sont bien présentes. Ainsi, l’État encourage la tolérance à l’égard des religions, y compris au sein du Parti communiste, mais veille à stimuler la diversité religieuse pour minorer le rôle de l’Église catholique. L’institution ecclésiale est en effet perçue comme un pôle d’opposition idéologique au régime. Cet article a pour objet de retracer, dans la période 1990-2005, les stratégies des deux institutions, étatique et ecclésiale, qui dialoguent dans la défiance. Il constitue aussi une tentative pour percevoir comment la population de La Havane appréhende le discours et la place de chacune.