Dépopulation, fascisme et eugénisme « latin » dans l'Argentine des années 1930
Résumé
Cet article examine la réception de l’eugénisme en Argentine dans les années 1930. Trois facteurs ont particulièrement contribué à la légitimation de la « science raciale » : d’abord, la montée du nationalisme autoritaire liée à la grande dépression et à la crise des régimes parlementaires ; ensuite, la peur de la dépopulation nourrie par la fermeture de l’immigration d’outre-mer et la chute de la natalité de la population blanche d’origine européenne ; enfin, le rôle clé joué par les milieux culturels et scientifiques italo-argentins dans les débats sur l’amélioration de la population. Dans les années 1930, s’appuyant sur l’ancienne et très respectée école lombrosienne d’anthropologie criminelle, les biotypologues argentins trouvèrent dans l’ouvrage de l’endocrinologue italien et sympathisant du fascisme Nicola Pende une source d’inspiration pour le renouvellement démographique du pays.