Entre silence et fracas : émergence et affirmation des luttes féministes dans les communautés juives orthodoxes en Israël (1970-2009)

Par Valérie Pouzol
Français

Résumé

Né dans le sillage de la Guerre du Kippour en 1973, le féminisme israélien s’est essentiellement concentré sur la déconstruction des mythes égalitaristes nationaux et sur l’aide aux femmes en difficulté dans une société militarisée. Dans cette lutte, le mouvement, dans sa grande majorité laïc et déjà fortement divisé entre les différentes composantes ethniques du pays, a peu dirigé ses efforts vers les femmes religieuses. L’action des femmes juives orthodoxes est pourtant réelle et ancienne.
Cet article propose une analyse sociologique du profil militant de ces femmes et retrace l’itinéraire de leurs luttes dans la société israélienne, qui ne se limitent pas à l’orientation politique traditionnelle du monde religieux israélien, souvent favorable au Grand-Israël.
En effet, dès le début des années 1990, face au durcissement du nationalisme religieux et aux dérives violentes de certains colons, une centaine de femmes religieuses ont organisé une conférence alternative pour faire le point sur la radicalization des forces religieuses dans le pays et évoquer leur difficulté à trouver un lieu de militantisme contre la guerre. En 1998, des femmes religieuses franchissent un pas supplémentaire en créant un groupe de femmes religieuses contre la guerre, les Femmes pour la sainteté de la vie. Cet article veut montrer la complexité de l’engagement des femmes orthodoxes en Israël à travers leur difficulté à s’affirmer et à s’engager aux côtés des femmes laïques mais également leur danger à être dans un monde religieux qui accepte mal le changement et qui place la pureté des femmes et de la terre au centre de son appareil idéologique.

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