Le Matin, les affaires et la politique, 1884-1897
Résumé
Fondé par le journaliste new-yorkais Samuel Chamberlain en 1884, Le Matin est censé révolutionner la presse d’information française en important les méthodes du journalisme américain. Treize ans plus tard, le journal, qui est devenu une feuille officieuse et un instrument de chantage, doit être vendu suite à son échec commercial. Cet article a pour but d’analyser le rapport entre la dépendance du Matin à l’égard des milieux d’affaires, d’une part, et les liens qu’entretiennent le journal et ses bailleurs de fonds avec le monde politique, d’autre part.
Lancé grâce au soutien financier d’un richissime industriel américain, Le Matin, dont la formule semble prometteuse, attire des bailleurs de fonds avant tout mus par l’appât du gain. Le journal, trop peu rentable, déçoit rapidement les premiers actionnaires américains, ce qui permet au journaliste Alfred Edwards d’en prendre le contrôle. Ce dernier, de plus en plus confronté à des difficultés financières, transforme Le Matin en une feuille de chantage au service de ses intérêts personnels. Les relations qu’Edwards entretient avec le monde politique sont ainsi subordonnées à des impératifs d’ordre économique.