Le cimetière de Friedrichsfelde, construction d'un espace socialiste (des années 1880 aux années 1970)
Résumé
Décidée en 1879, l’ouverture du cimetière de Friedrichsfelde à Berlin s’inscrit dans une politique municipale d’aménagement urbain : le cimetière est conçu à la fois comme un parc d’agrément et comme un lieu d’inhumation de toutes les catégories de citoyens. Accueillant ainsi de nombreux déshérités, il est rapidement assimilé à un « cimetière de pauvres ». L’enterrement de Wilhelm Liebknecht en 1900 puis celui des spartakistes en 1919 lui valent le qualificatif de « cimetière socialiste ». Malgré cette estampille durable, ce lieu cristallise de multiples usages qui se déclinent selon l’échelle espace-temps : cérémonie funéraire et commémoration politique, cortège populaire et rituel orchestré par l’appareil des partis. À partir de l’analyse des pratiques collectives qui se sont relayées à Friedrichsfelde, cet article se propose de décrypter les phénomènes à l’œuvre dans la construction d’un espace comme vecteur de mémoire.