Penser le rôle des foires internationales dans la mondialisation de l'édition

L'exemple des éditeurs québécois à la Buchmesse de Francfort
Par Hervé Serry, Josée Vincent
Français

Depuis les années 1950, les foires internationales du livre sont devenues des lieux décisifs pour la structuration des marchés du livre dans une dynamique de mondialisation des marchés de l’édition. Depuis la renaissance de la Buchmesse de Francfort, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les foires du livre organisent plus que des échanges de droit. À partir de cet épicentre allemand, des pratiques commerciales, des modèles professionnels, des règles économiques, des comportements normés d’échanges, des formes esthétiques et cognitives se sont diffusées. Une foire du livre situe les marchés et les acteurs nationaux dans un ensemble hiérarchisé et contraignant. À partir du cas des investissements québécois à Francfort, il s’agit de voir comment s’articulent les dimensions locales et globales, comment un acteur dominé, c’est-à-dire périphérique du point de vue de la langue et de la notoriété de sa production, peut exister sur le marché mondial des livres. L’étude s’appuie sur la consultation de plusieurs fonds d’archives déposés à Bibliothèque et Archives nationales du Québec et sur le dépouillement de la revue professionnelle Vient de paraître, publiée par le Conseil supérieur du livre de 1965 à 1978. Ainsi, nous montrerons qu’au-delà de la reconnaissance d’une littérature ou d’une culture considérée comme encore « marginale », la présence des éditeurs québécois à Francfort marque aussi la volonté d’imposer l’image d’une nation en devenir. La question se pose enfin de la circulation des modèles professionnels et des formes d’intégration de ceux-ci par le biais de ces espaces hiérarchisés que sont les foires du livre comme Francfort. Et donc des processus de rationalisation des pratiques éditoriales.

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