Madrid années 1950 : la question des baraques

Les ruraux de l'Europe du Sud à l'assaut des villes
Par Charlotte Vorms
Français

Entre le milieu des années 1950 et le début des années 1960, le logement devient une question politique majeure dans l’Espagne de Franco. L’aggravation bien réelle des conditions d’habitation des Madrilènes, sous la pression de l’exode rural, conduit à un diagnostic de crise. Dans ce contexte, les regards se focalisent sur les bâtiments précaires construits sans permis en périphérie, qu’on appelle les chabolas. L’analyse des archives du Commissariat chargé de l’aménagement de la capitale montre que c’est à la fois du fait de la menace qu’elles représentent pour l’ordre public et parce que l’occupation extensive qu’elles font du foncier est un obstacle à la politique du logement (partie prenante du projet social franquiste de protection des travailleurs) et de relance de la construction. Le phénomène ancien des lotissements pauvres d’auto-construction, dont l’importance s’accroît alors, est ainsi érigé en question sociale de premier plan : le problème des baraques. Celui-ci permet de légitimer une politique du logement interventionniste dont la finalité est à la fois économique, sociale et politique. Les dispositifs créés pour limiter le développement des baraques conduisent alors à la production d’une documentation qui en donne une meilleure connaissance, ouvrant la voie à une politique spécifique de résorption des baraques à partir des années 1960, dans le contexte de l’essor d’un mouvement citadin.

Voir l'article sur Cairn.info