Lamennais : « une vie qui sera donc à refaire plus d'une fois encore ». Parcours posthumes
La vie et l’œuvre de Lamennais (1782-1854) ont donné lieu à une abondante production historique qui ne s’est jamais vraiment tarie. On leur a prêté les influences les plus diverses et les plus contraires, alors même qu’aucune sensibilité, tant hors du catholicisme qu’en son sein, ne s’en est explicitement réclamée. Ces travaux masquent souvent mal la fascination et les hantises qu’éveille le parcours de Lamennais plus que son œuvre. C’est à cette lumière qu’il est possible de relire cette production et le mythe qui en est issu : un homme dont le destin interroge inlassablement les fonctions du magistère spirituel dans les sociétés modernes et la relation à l’autorité. S’il s’agit bien là des préoccupations du « maître de La Chênaie », on peut se demander jusqu’à quel point les réinvestissements successifs n’ont pas contribué à glacer l’analyse des virtualités du premier XIXe siècle, et par extension celle des sensibilités qui traversent le catholicisme contemporain. Dans cette perspective, l’analyse de la production historiographique invite à revenir sur le succès d’une œuvre et l’influence d’un homme qui révèlent surtout l’anxiété d’une époque en quête d’un nouveau gouvernement des esprits – interrogation qui plonge ses racines dans la Révolution et s’épuise dans les conséquences de l’échec de la Seconde République.