« L’art de faire son marché ».
Cet article porte sur les contradictions inhérentes au rôle émergeant de « consommateur-citoyen » des femmes françaises au cours des décennies de changements économiques et sociaux qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Dans un contexte où l’économie française était fragilisée par l’inflation et où les planificateurs et modernisateurs s’efforçaient de créer une société de consommation de masse florissante, le rôle de consommateur-citoyen répondait à la fois à ces désirs et à ceux d’organisations espérant responsabiliser les femmes et améliorer les conditions de vie des familles. Ces divers groupes, bien que motivés par des objectifs différents, étaient en accord sur deux points : les consommatrices pouvaient contribuer à l’amélioration de l’économie en limitant l’inflation et en orientant la production vers les besoins des familles ; les femmes devaient être éduquées afin d’assumer ce rôle. Dans le discours prédominant, on passait dès lors de la proclamation du pouvoir de la femme consommatrice à l’importance de son besoin d’éducation.