« J’aurais aimé être une bombe pour exploser ». Les militantes communistes algériennes entre assignations sexuées et subversions des rôles de genre (1944-1962)
Dans la continuité de récents travaux sur l’histoire du genre en Algérie colonisée, cet article s’intéresse aux expériences des militantes communistes algériennes, depuis la création en 1944 de l’Union des femmes d’Algérie jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962. Le Parti communiste algérien et ses organisations féminines « de masse » constituent un terrain privilégié pour saisir la manière dont des militantes s’accommodent ou subvertissent les assignations de genre produites par différents acteurs sociaux. Mais leur étude permet aussi d’interroger l’articulation entre le militantisme et les rapports sociaux de sexe et de race spécifiques à la société coloniale algérienne. Le communisme est en effet le mouvement politique qui regroupe le plus de femmes en Algérie dans la décennie qui suit la Seconde Guerre mondiale, et il est le principal espace d’interactions politico-affectives entre hommes et femmes par-delà les barrières juridico-raciales de la société coloniale, ce qui entraîne dans ses rangs des problématiques différentes de celles que rencontrent les communistes en Europe.