Strange Bedfellows. Culture littéraire et culture populaire dans la France des années 1870
Le triomphe de la Troisième République ne fut pas seulement le fruit du langage et des pratiques de la bourgeoisie mais aussi de gens ordinaires qui combattirent le conservatisme avec les armes de la culture populaire rabelaisienne – rires, plaisanterie, gestes obscènes, ruses, scatologie et langage délibérément grossier. Cette dynamique a été tout particulièrement rendue visible lors de la crise du 16 mai 1877. Lorsque le président Mac-Mahon poussa le gouvernement républicain de Jules Simon à démissionner, il décida de nommer un gouvernement minoritaire, composé de monarchistes et de bonapartistes et de dissoudre la Chambre des députés. Dès lors, il se heurta avec ses partisans à une vive résistance populaire qui utilisa l’humour et la raillerie souvent grossière pour s’opposer à son coup de force. Le plus frappant est que la plupart des écrivains français des années 1870, souvent décrits comme indifférents à la politique, reprirent le langage et les mots d’ordre de cette résistance populaire contre le « Bayard des temps modernes ». Les convergences entre culture littéraire et culture populaire dessinent ainsi un compagnonnage inattendu entre ces deux mondes.