Soigner une colonie naissante : les médecins de l’armée d’Afrique, les fièvres et la quinine, 1830-1870
En Algérie, au début de la conquête, les soldats français sont confrontés à une forte mortalité due aux fièvres paludéennes. Le remède contre le paludisme, le sulfate de quinine, est mis au point en 1820 et sa consommation s’accroît considérablement avec l’occupation de la colonie. Il devient un produit couramment utilisé par la population militaire, voire au-delà puisque les médecins militaires ont à traiter des civils européens et algériens, urbains et ruraux. Comment et sous quelle forme la quinine entre-t-elle dans l’arsenal thérapeutique des médecins de l’armée, distributeurs majoritaires de ce médicament et comment se diffuse-t-elle en Algérie au sein des populations militaires et civiles ? Cet article explore les voies par lesquelles l’administration militaire approvisionne l’armée d’Afrique et les questions économiques qui s’y rapportent – l’administration militaire s’inquiétant régulièrement des coûts élevés provoqués par l’usage massif d’un produit cher. Il s’intéresse ensuite à la manière dont les populations concernées ont adopté ce médicament et à ce que cela peut signifier en termes de demande sociale de soins.