Aux fondements introuvables de l’État-providence : la loi du 9 avril 1898 à l’épreuve de la Grande Guerre
La loi du 9 avril 1898 est souvent présentée comme le socle fondateur de la législation des accidents du travail, qui aurait défié le temps moyennant des aménagements de pure commodité. Sa pérennisation justifierait qu’on l’étudie isolément. En réalité, ce texte a influencé d’autres législations et produit des excroissances juridiques, garantes de sa longévité. La Grande Guerre en offre une illustration, qui a vu cette loi devenir un élément clé du statut de la main-d’œuvre mobilisée ; servir de ressource juridique au calcul des pensions et gratifications militaires ; enfin, s’hybrider avec l’assistance militaire pour assurer l’indemnisation des mutilés de guerre accidentés du travail. D’où l’intérêt de revenir sur les relations entre la réparation civile des accidents du travail et la réparation militaire des infirmités et des maladies de guerre, qui permettent de comprendre pourquoi l’État-providence n’est pas né de cette loi ni, curieusement, des décombres de la guerre.