L’immigration algérienne post-indépendance : l’enracinement à l’épreuve de l’exclusion
Cet article, appuyé sur notre thèse de doctorat, propose de renouveler l’histoire de l’immigration algérienne post-indépendance en se penchant sur les parcours collectifs et les expériences des migrants, plutôt que sur le point de vue des institutions d’encadrement. À travers l’analyse de trajectoires professionnelles, familiales ou encore résidentielles, il s’agit ainsi d’évaluer l’intégration sociale et économique de cette population qui a fait l’objet d’un traitement politique et social spécifique en raison de son passé colonial. Il en ressort que deux formes de migrations algériennes ont toujours coexisté : des migrations temporaires et des migrations durables. Les difficultés d’accès au logement ont fortement limité l’installation des familles en France, mais celles qui sont parvenues à s’installer entre les années 1950 et 1970 ont malgré tout connu une amélioration globale de leur situation. Leur enracinement, en particulier à l’échelle locale, explique l’échec des tentatives d’expulsion de la fin des années 1970. C’est cependant la crise économique de la fin des années 1970 qui remet véritablement en cause leur intégration économique et sociale.