Crise socio-environnementale et banditisme : une affaire de piraterie fluviale en Pologne à la fin du XIXe siècle
Vers 1900, la Pologne connaît une multiplication d’actes délictueux commis en bandes, comme les vols à main armée, les extorsions de fonds ou les crimes crapuleux. L’article examine une affaire de ce type, un cas de piraterie fluviale porté devant le tribunal de Płock en avril 1901. Sur les bancs des accusés siégeaient onze hommes suspectés d’avoir, durant une dizaine d’années, commis des vols et extorsions contre les marchands de bois opérant sur la Vistule. La démarche adoptée vise à reconstituer le vécu des prévenus ainsi que leurs conditions de vie sur le plan économique, social et environnemental. Proches à bien des égards des « primitifs de la révolte » décrits par Eric Hobsbawm, les « pirates » de Płock n’étaient certainement pas des militants soutenant un projet clair de bouleversement social ; il s’agissait plutôt de travailleurs appauvris à la recherche de moyens de survie, dans un contexte de pénurie d’emploi et de déclin des ressources locales en bois et en poisson. Placée sous la loupe du micro-historien, cette affaire fait ressortir l’importance du changement social et environnemental qui empreint les manifestations de la violence quotidienne dans la Pologne de la fin du XIXe siècle.