Écrire pour le (grand) public sans renoncer aux pairs : trois expériences de revues en ligne
Les revues en ligne et en libre accès connaissent depuis dix ans un réel dynamisme, qui se manifeste tant par la hausse du nombre de revues et d’articles consultés que par leur inventivité et leur attractivité – et ce, auprès des chercheurs comme du grand public. Pour mieux comprendre ce phénomène, qui implique une adaptation des écritures académiques, démultiplie l’audience potentielle des chercheurs et interroge les modèles économiques classiques de l’édition des revues scientifiques, trois publications pluridisciplinaires et en libre accès ont répondu à notre invitation : La Vie des idées, Métropolitiques et Mondes sociaux. Elles atteignent un lectorat sans commune mesure avec les tirages papier (par ailleurs en baisse) des revues classiques : plus de 450 000 visiteurs uniques par mois pour La Vie des idées et 20 000 à 30 000 pour Mondes sociaux ; 4 500 par jour en moyenne pour Métropolitiques.
Quels sont leurs objectifs et leur modèle économique ? Quelle place y représente l’histoire, en particulier l’histoire sociale contemporaine ? Quel est leur lectorat – et celui-ci est-il en accord avec les visées initiales ? Quelles sont les clés d’un article à succès ? Est-ce valorisant pour un chercheur d’y publier ? Ont-elles recours à une écriture si différente des revues académiques classiques ? Comment élargir le public des sciences humaines et sociales tout en conservant ce qui fait leur spécificité en termes de démonstration, de rigueur et d’investigation empirique ? Autant de questions auxquelles cet entretien croisé vise à répondre.